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Des arbitres français en route pour les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024

C’est désormais officiel ! Des arbitres représenteront la France lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 : Eleanor Forshaw et Régis Borel ont été sélectionnés par World Rowing pour officier en tant qu’arbitre sur les épreuves d’aviron lors des deux plus grands évènements sportifs au monde. Un grand bravo à tous les deux !

Nombreux seront les arbitres présents en tant que NTO (National Technical Officials, soutiens au jury officiel) ou bénévoles pour ces évènements. À savoir que les NTO sont des assistants pour le jury officiel. Contrairement au jury, les NTO sont choisis par le comité d’organisation de Paris 2024. Émile Abraham a été sélectionné pour être le responsable des NTO’s pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Jérome Mouly sera quant à lui présent en tant que Président de jury pour les Jeux paralympiques de Paris 2024.

Nous avons recueilli leurs impressions :

Comment avez-vous réagi suite à l’annonce de votre sélection ?

E.F « Très heureuse, évidemment ! Mon fils est super fier ! Sans compter la famille et les amis. J’ai même l’impression qu’ils sont plus heureux que moi ! (Mais ce n’est pas possible). Il faut savoir qu’avec la France comme pays hôte, on a « le droit » d’avoir un membre du jury français à la fois sur le jury olympique et sur le jury paralympique. C’est une véritable chance ! D’ordinaire, un pays n’est représenté par un arbitre que sur l’un des 2 jurys… et pas sur chaque olympiade. »

R.B « De la joie, évidemment ! C’est un méli-mélo d’émotions dans notre tête : la joie, la pression de l’évènement, la reconnaissance du travail accompli, la préparation qui reste à faire, la réussite de notre fédération sur le plan international avec également la nomination d’Eleanor… Ce sera l’opportunité de vivre, et de faire vivre à notre modeste échelle, le plus gros évènement sportif au monde. »

J.M « Pour ma part, les choses sont un peu différentes. Faisant partie de la commission d’arbitrage internationale (World Rowing), la sélection de la présidence de jury se fait en interne entre les 11 membres de cette commission, sachant que le poste de Président du jury des Jeux olympiques n’est pas atteignable car automatiquement destiné au Responsable de la commission d’arbitrage internationale. Mais même si la localisation des Jeux à Paris pouvait faciliter la décision, ce n’était pas gagné d’avance pour les Jeux paralympiques. Donc bien évidemment pour moi aussi cette annonce n’a pas été sans joie, avec un peu de fierté aussi sans vouloir se cacher, et la reconnaissance d’une confiance qui m’a été donnée pour prendre la présidence du jury des Jeux paralympiques. Mais je dois dire que j’ai été encore plus heureux pour Eleanor et Régis car je connais la difficulté pour accéder à ce niveau, et ils le méritent vraiment avec tout le travail qu’ils mènent au niveau local, national et international. »

Est-ce une pression supplémentaire d’être arbitre sur des Jeux olympiques qui se déroulent en France ?

E.F « Honnêtement je ne me rends pas compte. Je pense qu’arbitrer des Jeux olympiques, c’est déjà énorme. Que ce soit à Paris ou ailleurs dans le monde, la pression est certainement la même. Jérôme a plus de recul, ayant déjà vécu plusieurs Jeux olympiques de l’intérieur. »

R.B « Oui, car nous serons davantage sollicités pour résoudre des questions logistiques sur le bassin et pour la « vie » autour de l’évènement, mais en revanche, nous avons la chance de connaître le bassin, une bonne partie des équipes de bénévoles autour, l’absence de décalage horaire. »

J.M « C’est difficile à dire. Honnêtement pour l’instant je ne le ressens pas. Je pense que ceci tient au fait que nous soyons tous très investis dans nos rôles d’arbitres internationaux, impartiaux, avec comme seul but de donner le meilleur de nous aux athlètes qui se préparent depuis de nombreuses années et qui consacrent une importante part de leur quotidien à s’entraîner. C’est la pression des Jeux, le niveau de ces compétitions qui priment sur le lieu. Mais je m’attends à ce que la pression monte à l’approche de l’évènement, et nous aurons à cœur sûrement de montrer le meilleur de nous en tant que jurys français pour Paris 2024. »

Qu’est-ce qui fait la différence à ce niveau pour un arbitre ? (selon vous)

E.F « L’expérience des situations qu’on a pu rencontrer au fur et à mesure des années passées à arpenter les bassins, quel qu’en soit le niveau : local, régional, national ou international. Je crois fermement qu’on apprend plus sur les plus petites compétitions que sur les grandes ! »

R.B « Les règles restent les mêmes et nous les appliquons quel que soit le niveau de compétition. Nous devons être irréprochables sur l’application du code, mais également sur la gestion des incidents. Nous aurons les meilleurs athlètes du Monde qui se préparent depuis des années. On se doit de les mettre dans les meilleures conditions pour qu’ils puissent exprimer leurs talents, et qu’ils repartent en se disant « je suis à ma place. »

J.M « Lorsqu’on arbitre au niveau régional / local, on pense plutôt formation. C’est le lieu où se rencontrent toutes les catégories, c’est pour certains rameurs leurs premières années d’aviron et leurs premières régates. La pédagogie est de mise. Au niveau national et international, la performance, l’équité sont nos maîtres mots et c’est ce que l’arbitre doit garantir, en plus de la sécurité bien sûr. Mais lorsqu’on parle des jeux, je pense que la différence c’est l’évènement, le symbole également qu’ils représentent. Ceci se retrouve d’ailleurs chez les arbitres sélectionnés à ce niveau, qui non seulement ont une forte expérience d’arbitrage, mais ce sont aussi des arbitres qui ont du recul sur l’application des textes du code des courses, une prise de hauteur qui leur permet de comprendre l’enjeu de l’évènement dans sa globalité (performance, spectacle, respect du temps, précision).

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui souhaitent se lancer dans l’arbitrage et (ensuite) dans l’arbitrage au niveau international ?

E.F « De surtout ne pas hésiter et de se renseigner dans sa ligue ! L’aviron est une grande famille, et c’est tout aussi vrai au niveau des arbitres. Quel que soit votre âge ou expérience, l’arbitrage est ouvert à toutes et tous : on a tous la même passion. Motivez-vous à un ou plusieurs et venez tenter ! Personnellement, l’aviron m’a tellement apporté (j’ai commencé quand j’avais 12 ans). Il était normal pour moi de vouloir redonner quelque chose à ce sport. Et j’ai été très bien accueillie et formée, rencontré des personnes formidables tout au long de l’aventure.Vraiment, je ne peux qu’encourager les jeunes (et moins jeunes) à prendre date avec leur ligue. Et qui sait où leur chemin les emmènera ! »

R.B « L’aviron est une passion, un sport qui m’a beaucoup donné, en termes de persévérance, d’esprit d’équipe, de camaraderie … Arbitrer est une façon de rendre à l’aviron ce que ce sport m’a apporté. Vivre l’autre facette des régates – coté organisation, voir les jeunes (et moins jeunes) « s’affronter » rappelle de bons souvenirs. L’international est également une très bonne opportunité pour monter notre niveau, et partager cette expérience localement. »

J.M « Je voudrais leur dire que le monde de l’arbitrage est une grande famille. Vu de l’extérieur on ne sait peut-être pas comment on entre dans cette famille mais il ne faut pas du tout hésiter à poser la question dans son club, ou tout simplement aux arbitres présents sur les régates. Nous partageons tous la même passion pour notre sport, et il y a différentes façons d’être au cœur des compétitions, et l’arbitrage est vraiment au cœur de tout cela. Et il y a de belles carrières d’arbitrage possibles en fonction des envies de chacun. Qui m’aurait dit, le jour où j’ai proposé mon aide aux arbitres à la régate de mon club à Décines, qu’en 2024 j’allais entamer ma 5ème participation aux Jeux olympiques / paralympiques. Et je reviens sur le fait que l’arbitrage est une grande famille car cette passion commune nous permet de rencontrer des personnes partout en France et bien sûr à l’étranger, de rencontrer d’autres lieux, d’autres cultures, d’autres façon de pratiquer l’aviron. Je vous dirais donc : n’hésitez pas, rencontrez des arbitres, posez-leur des questions si l’arbitrage vous intéresse, que votre ambition soit d’être sur les bassins les dimanches lors des régates locales ou bien de parvenir un jour au plus haut niveau d’arbitrage. »

Nous leur souhaitons une belle réussite pour cette année qui s’annonce exceptionnelle et palpitante !