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Deux médailles pour les Bleus à Vaires-sur-Marne

C’est le bronze qui a récompensé le parcours de Nathalie Benoit en skiff PR1, mais aussi celui de Candyce Chafa, Rémy Taranto, Grégoire Bireau, Margot Boulet et leur barreuse Emilie Acquistapace en quatre barré mixte PR3.

C’était jour de finales à Vaires-sur-Marne. Le soleil a une nouvelle fois fait monter la température sur les eaux du stade nautique, mais c’est aussi le public qui a fait chauffer l’ambiance. Et il en a eu pour son argent, les Bleus montant sur le podium à deux reprises.

Première course de la matinée, et première médaille pour les Bleus. Nathalie Benoit a une nouvelle fois fait une courte nuit, mais cela ne lui a pas porté préjudice, et elle conclut sa carrière internationale – pour l’heure – de très belle manière. Comme prévu, l’Israélienne Moran Samuel s’est envolée en tête du parcours, l’Ukrainienne Anna Sheremet lui emboîtant le pas, suivie de la Norvégienne Birgit Skarstein. Mais la Française ne s’est pas laissé décrocher, et a travaillé son parcours en restant à proximité de ses adversaires. « J’ai tout donné, sourit Nathalie benoit, je n’aurais pas pu faire un coup de plus. J’ai essayé de ne lâcher aucun coup, je savais qu’il faudrait remonter tout ça. Au 1000, J’ai commencé à en mettre un peu plus, je suis heureuse de cette construction de course qui s’est faite dans la sérénité, sauf dans les 50 derniers coups, j’ai fait une fausse pelle, mais je me suis dit que tant que la ligne d’arrivée, rien n’est fait ». Et ce fut le cas… sans compter que seulement 44 centièmes la séparent de la Norvégienne. « Chapeau au public. Les encouragements ont rythmé les coups, c’était formidable. J’ai pensé à Léon Marchand qui, quand il sortait la tête de l’eau, entendait les cris. Je ne suis pas dans une bulle en course, j’essaie de prendre tout ce qu’il y a autour ». Cette médaille a un goût particulier. « C’est la plus aboutie, elle est en France. Sur mes deux premières olympiades, j’étais placée dès le départ et j’ai maintenu une place. Celle-là, il a fallu aller la chercher. Ce n’est pas la même gestion de course, et quand on passe la ligne, ça donne un petit sel de plus ». Nathalie Benoit avait annoncé que ce serait sa dernière compétition internationale, mais la porte n’est pas complètement fermée. « Si l’objectif est de qualifier encore cinq coques, pourquoi pas essayer un projet sur les deux dernières années de la qualification, et de mettre quelqu’un d’autre au départ de la course, mais ce ne sera sûrement pas pour aller chercher une médaille, c’est énormément d’investissement ».

La deuxième médaille pour les Bleus est venue avec la dernière finale de ces Jeux paralympiques, celle du quatre barré mixte PR3. Une discipline dominée par les Britanniques, et cette domination ne leur a pas été contestée, les Américains s’inscrivant dans leur sillage. Derrière eux, Candyce Chafa, Rémy Taranto, Grégoire Bireau, Margot Boulet et leur barreuse Emilie Acquistapace ont tenu la troisième place devant les Allemands, parvenant à creuser l’écart dans le troisième 500, avant que ces derniers ne tentent de revenir sur les tricolores en fin de parcours. Mais c’est bel et bien aux Bleus que le bronze paralympique a été décerné, avec 6 centièmes d’avance. « Il fallait être offensif et attaquer, commente Emilie Acquistapace, parce qu’on s’est un peu laisser rouler dessus en série. On était tous les cinq remontés pour marquer le coup. On fait un premier 500 avec quatre collés, sur le 1000 du milieu on met l’écart avec les Allemands et heureusement, car sur le dernier 500 ils nous remontent. On a mis en place un coup de patte, une façon de ramer, car le bateau est mixte, les handicaps sont différents ». Une barreuse qui a eu son importance, notamment sur le finish. « C’est l’intonation, les décibels, on sent vraiment les tripes, c’est l’intention qui compte dans ces moments-là », lance Margot Boulet. Le public a là aussi eu son importance. « Ca nous porte, ajoute Rémy Taranto, on ne peut pas le nier, on sait aussi qu’il y a nos familles, nos amis, beaucoup de gens pour nous. On est aussi dans notre truc, on ne sait pas ce qui se passe à côté. On pousse fort ». Un bateau dont la constitution et la préparation n’ont pas été » de tout repos, mais qui a su aller au-delà des difficultés. « On est cinq individualités, six avec Fred Doucet, qui ont réussi à cohabiter, à s’entendre et à s’apprécier », commente Rémy Taranto. Pour l’heure, pas de projection sur la suite, chacun pense dans un premier temps à se poser, profiter de ses proches avant d’envisager l’avenir.

La deuxième course des tricolores fut celle d’Alexis Sanchez en skiff PR1. Le Français est bien parti, jouant un temps à la troisième place avant que l’Australien ne s’en empare, suivi de l’Israélien. Il franchit la ligne d’arrivée en sixième position, remontant à la cinquième place suite à la disqualification du rameur italien pour l’utilisation d’un équipement de communication durant la course. « Je me sens à chaud frustré, explique le tricolore, à force de parler je prends conscience que c’était une finale A et que je serai content de ce que j’ai fait à froid. J’aurais aimé faire mieux devant mon entourage, devant ma famille. J’ai tout tenté, c’est le sport, je n’avais simplement pas les armes. Ca va me permettre de repartir à l’entraînement avec plus d’expérience, plus lucide. Il faut que je passe un cran pour être encore meilleur sur la deuxième partie de course. Trois courses en trois courses, c’est aussi ça qui fait les champions, la capacité de manager. Ca ne fait qu’un an que je suis à haut niveau. Avec quatre ans de plus, je devrais être plus dangereux pour les autres ». Alexis Sanchez ne l’a jamais caché : il pense déjà à Los Angeles 2028.

La course suivante fut la finale du deux de couple mixte PR2. Le leadership fut d’entrée de jeu chinois et britannique, avec le bateau israélien qui s’est inscrit dans ce tiercé. Benjamin Daviet et Perle Bouge ont évolué à la quatrième place de la course, avant de céder à la remontée des Ukrainiens dans le dernier 500 et de terminer à la cinquième place de la course. « Il y avait moyen d’aller chercher la médaille, note Benjamin Daviet, on a battu les Israéliens toute la saison. On n’a pas ramé, on fait le pire parcours de la saison, ce n’est pas le résultat attendu. Au-delà de la médaille, on voulait faire un parcours complet. Là c’est une non-course, c’est mal ramé du début à la fin. On le paie. Sur une finale aux Jeux, quand on sait que c’est la bagarre pour aller chercher des médailles, surtout sur la troisième place avec les autres bateaux, quand on ne met pas les choses en place, on le paie cash ». Le temps de préparation a joué. « On a commencé à ramer ensemble au mois d’octobre. Ce n’est pas une excuse, on a réussi à faire les Europe et Lucerne ensemble, mais sur une finale aux Jeux, il nous a manqué un peu de temps. L’aventure est belle, il faut retenir ça au moins. Il y a un an, le bateau français était huitième aux championnats du monde, il n’y avait plus de bateau. En octobre, on reconstruit un bateau, on n’était pas sûrs de faire la qualification de Lucerne. J’aurais préféré sixième en ramant bien que cinquième en ramant mal. C’est la pire course, c’est sauve qui peut ». Les deux athlètes vont prendre des vacances, profiter des leurs, Benjamin Daviet se consacrant avec certitude aux Jeux d’hiver de 2026 avant de penser à Los Angeles.

Guylaine Marchand et Laurent Cadot couraient dans l’avant-dernière finale de la journée, celle du deux de couple mixte PR3. Les tricolores ne sont pas partis dans le wagon de tête, avec une hiérarchie qui s’est dessinée dès les premiers mètres. Les Australiens ont pris la première place de la course, suivis des Britanniques et des Allemands, un classement qui n’a pas bougé du début à la fin. Mais les Bleus ont eu affaire, durant le parcours, avec des algues dont une qui s’est accrochée à la dérive du bateau, poussant la France à déposer une réclamation. Mais les deux athlètes sont également conscients de leur niveau par rapport à leurs concurrents. « Je fais des fautes techniques qui me bloquent un peu, note Guylaine Marchand, pour suivre correctement Laurent. On relance, on arrive à se poser, on se prend des algues. Le bateau bouge pas mal. Dans le dernier 500, on reprend des algues, ça bloque tout. Pas de regret sur l’engagement et l’envie ». Même constat et frustration pour Laurent Cadot. « L’arbitre a constaté l’algue. Mais on ne va pas se cacher derrière ça. Ce qui nous frustre aujourd’hui, c’est de ne pas avoir pu faire la course qu’on souhaitait faire, pas le résultat en lui-même, mais des choses qui s’accumulent qui nous font avoir des regrets sur cette finale ».

Charles Delval, responsable du projet Ambition Para 2024, est satisfait du bilan de ses équipages. « Il a fallu aller les chercher ces médailles. On a bien vu tout au long de la saison que le niveau était élevé ; quelques fois on est placés, quelques fois on est derrière. Quand on a démarré les séries vendredi, j’étais un peu sur un bilan mitigé parce que certes, on rentre dans la compétition avec cinq bateaux, et je me disais qu’on pouvait tous être quatrièmes aujourd’hui. Hier, ça a remis du baume au cœur de placer tout le monde en finales. Mais hier soir je disais au staff que l’histoire ne retiendrait pas si on avait cinq bateaux finalistes, mais le nombre de médailles. Il y a trois ans, on avait un objectif de deux à trois médailles, aujourd’hui on en a deux de bronze, on peut dire qu’on est satisfait ». A la sortie de Tokyo, l’équipe de France paralympique a été suivie en termes de moyens. Charles Delval a également rappelé l’importance de la mise en concurrence des athlètes, aussi bien en skiff que dans les autres bateaux. D’où l’importance des programmes de détection et du message porté par les Jeux paralympiques. Une importante action de détection est d’ores et déjà programmée en février 2025.

Le directeur technique national, Sébastien Vieilledent, est revenu sur cette journée de finales. « On est venus là pour deux médailles, et mettre tous les bateaux en finales. Cet objectif a été rempli. On est la seule nation à le faire. C’est un gage de notre système, notre organisation autour des para, mais aussi l’expérience qui monte depuis plusieurs olympiades. On voulait deux médailles, on souhaitait en colorer une de manière différente par rapport à Tokyo. Ca s’est joué à six centièmes pour Nathalie. On ne peut pas être déçus, mais l’objectif de départ était deux médailles et une à minima d’argent. Mais le résultat est plus que positif. Ce furent des Jeux paralympiques pas simples, une saison pas simple. L’olympiade avait bien démarré, la France était la deuxième nation en 2022 aux championnats du monde. On voit que les choses se resserrent, avec des aléas au quotidien à gérer. Mais les performances sont extraordinaires, je suis ravi de l’animation du public qui a répondu présent ». Un public dont le soutien a galvanisé les Bleus, et auquel il faut forcément créditer une partie de chacune des médailles françaises.