Ces dernières années, le deux de couple féminin français a su démontrer qu’il pouvait être performant et porteur de chance de médaille. Les deux rameuses qui le composent pour Paris 2024 n’ont pas d’autre idée en tête que d’afficher la meilleure performance possible.
Remonter le fil de l’histoire pour l’aviron féminin aux Jeux Olympiques est bien plus court que pour son équivalent masculin. Les femmes n’ont en effet été intégrées aux Jeux qu’en 1900, mais il a fallu attendre Montréal, en 1976, pour que les premières épreuves apparaissent. Le deux de couple fait alors partie des six disciplines féminines du programme sur l’Ile Notre-Dame, une année où la France n’a décroché aucune médaille. Le double présenté est alors composé de Josiane Rabiller et Françoise Wittington, qui terminent à la neuvième place de la compétition. Le podium est alors entièrement composé par des pays de l’Est, encore situés derrière le Rideau de fer.
La France ne présente alors aucune embarcation dans la discipline aux Jeux de Moscou en 1980, de Los Angeles en 1984, de Seoul en 1988… Mais durant cette longue période, l’équipe de France travaille, progresse et, à la fin des années 90, présente aux championnats du monde seniors un duo compétitif avec Sophie Balmary et Gaëlle Buniet. Un duo qui se classe à la cinquième place en 1998 et en 1999.
L’année suivante, dans la délégation tricolore qui se rend aux Jeux olympiques de Sydney, Gaëlle Buniet s’aligne avec Céline Garcia sur le plan d’eau du Regatta center en deux de couple. Les deux rameuses terminent à la huitième place de la compétition, avec le rang de finalistes olympiques.
Quatre ans plus tard à Athènes, Gaëlle Buniet est toujours dans le bateau, mais cette fois-ci avec Caroline Delas. Elles remportent la finale B et, avec un septième rang, sont elles aussi finalistes olympiques.
A Pékin en 2008 et Londres en 2012, la France ne qualifie pas de deux de couple féminin et va devoir attendre une nouvelle association, qui a montré de belles possibilités. Hélène Lefebvre et Elodie Ravera-Scaramozzino décrochent la qualification pour Rio sur les eaux turquoise du lac d’Aiguebelette en 2015, avec une huitième place, et poursuivent l’aventure sur le Lagoa Rodrigo de Freitas. Le parcours est plutôt prometteur avant de débarquer à Rio : une cinquième place à la coupe du monde de Lucerne en mai, une médaille de bronze à la dernière étape en juin à Poznan. Au Brésil, au terme d’un parcours sans faux pas, le duo tricolore termine à la cinquième place de la compétition.
De quoi les motiver à poursuivre l’aventure l’olympiade suivante, jusqu’à Tokyo en 2021, où elles décrochent alors une huitième place.
Nouvelle olympiade, et nouveau projet… Le deux de couple féminin, toujours dans la course et dans les projets de la direction technique nationale, avec un accent toutefois donné sur les bateaux longs, jusqu’à ce que deux jeunes talents démontrent leurs capacités à faire avancer le bateau ensemble. Deux anciennes coéquipières du quatre de couple des Jeux de Tokyo, Emma Lunatti et Margaux Bailleul, sont associées dès 2023 dans la coque… et elles performent ! Le jeune équipage termine à la quatrième place des championnats d’Europe de Bled et, à peine un mois plus tard, monte sur la troisième marche du podium de la coupe du monde à Varèse.
Mais l’échéance pour Paris 2024 se déroule à Belgrade. Leur entraîneure, Camille Ribes, croit fermement en elles… et elles ne l’ont pas fait mentir. Deuxièmes en série et troisièmes en demi-finale, Margaux Bailleul et Emma Lunatti s’alignent en finale A et tentent crânement leur chance, dans des eaux agitées par le vent, terminant sixièmes mais le ticket pour Paris est dans la poche.
« Se qualifier pour Paris aux mondiaux, ça enlève un poids, mais ça reste une saveur en plus de savoir que c’est Margaux et moi qui avons remporté ce ticket », nous confiait Emma Lunatti.
Deux rameuses qui se connaissent bien, après leur expérience en quatre de couple ensemble. « Avec Margaux, poursuit la rameuse grenobloise, on est aussi complémentaires qu’opposées, autant au niveau physique, technique et mental. Mais ça a très vite matché car on s’est rapidement fait confiance dans le bateau, on sait la valeur individuelle l’une de l’autre et on a envie d’additionner ces valeurs individuelles à deux. Notre force est aussi qu’on communique beaucoup, et en course on ne se pose pas de questions, pas d’hésitation ».
Une autre chose sur laquelle elles n’hésitent pas et affichent une volonté commune : donner le meilleur d’elles-mêmes à Vaires-sur-Marne, dès le 27 juillet !