En attendant la régate finale de qualification olympique dans quelques mois sur le Rotsee, nous vous proposons de découvrir quelques tranches d’histoire de l’aviron, en particulier des embarcations qui se sont qualifiées lors des championnats du monde de Belgrade il y a quelques mois. À commencer par le deux de couple, un bateau grâce auquel la France a connu de belles réussites à l’international, avec notamment cinq médailles olympiques, dont deux en or.
Quand on demande au grand public ce que lui évoque l’aviron, c’est bien souvent le huit barré – « tu sais, le bateau où ils sont huit, c’est impressionnant » – et le skiff qui reviennent le plus souvent. Mais quand on parle d’aviron auprès de la communauté française qui pratique notre sport, un autre bateau vient quasiment immédiatement à l’esprit des passionnés : le deux de couple, ou double comme on l’appelle bien souvent.
Et pour cause : il se construit autour de deux individualités, bien souvent les plus fortes à l’issue du chemin de sélection pour entrer en équipe de France. Des bateaux où, justement, ces individualités peuvent et doivent s’exprimer. « On n’est jamais aussi forts en deux de couple que quand on est forts en skiff », répète Matthieu Androdias depuis plusieurs saisons. Avec Hugo Boucheron, ils l’ont d’ailleurs confirmé en 2022. Alors qu’ils avaient justement débuté la saison internationale en skiff ne retrouvant le double qu’à la veille du stage terminal avant les mondiaux de Racice, les deux Lyonnais avait terminé l’année avec le titre mondial, un an après avoir conquis le Graal olympique.
Un Graal olympique qu’avaient également conquis, en 2004, Adrien Hardy et Sébastien Vieilledent, aujourd’hui directeur technique national et directeur général de la Fédération française d’aviron.
Mais l’on peut remonter à un peu plus d’une centaine d’années en arrière, plus précisément en 1920, pour trouver la première médaille olympique pour l’embarcation. Le bronze avait alors été remporté par Alfred Ple et Gaston Giran, derrière les Américains et les Italiens. C’était l’année où John Kelly, père de la princesse Grace, avait remporté deux titres olympiques, dont celui du deux de couple.
Quatre ans plus tard à Paris, John Kelly et Paul Costello remportaient à nouveau l’or, mais cette fois-ci la France gagnait une marche sur le podium avec Jean-Pierre Stock et Marc Detton.
S’en sont suivies des années de disette, sans deux de couple présenté ou sans podium à la clé… jusqu’en 1996 et les Jeux olympiques d’Atlanta, où les tricolores ont à nouveau eu le plaisir de voir le drapeau français monter en haut d’un mât. Frédéric Kowal et Samuel Barathay se sont hissés sur la troisième marche, derrière les Italiens et les Norvégiens. Huit années plus tard, Adrien Hardy et Sébastien Vieilledent décrochaient la première médaille d’or pour la France dans la discipline. Quatre ans plus tard à Pékin, Adrien Hardy et Jean-Baptiste Macquet prenaient à la cinquième place. À Londres en 2012, ce sera une finale B pour Julien Bahain et Cédric Berrest.
Trois ans plus tard, un nouveau duo est formé. On demande alors à Matthieu Androdias, qui a déjà connu l’expérience olympique à Londres de monter dans un bateau avec Hugo Boucheron. On confie un « chien fou », comme il le disait à l’époque, à un aguerri. La mayonnaise prend et le deux de couple gagne, sur les eaux d’Aiguebelette lors des mondiaux de 2015, son ticket pour Rio. Le bateau termine à la sixième place, mais persiste. Deux ans plus tard, c’est le titre mondial qu’il décroche à Plovdiv, en Bulgarie, ouvrant une voie royale aux deux Français vers les Jeux olympiques de Tokyo. Ils devront attendre une année supplémentaire, Covid-19 oblige, avant d’être fixé. Une persévérance récompensée par le plus beau des métaux : l’or. « Quand on est champion du monde, ça dure un an, disait Adrien Hardy. Quand on est champion olympique, c’est pour la vie ».
Dans moins de huit mois, sur les eaux de Vaires-sur-Marne, le deux de couple tricolore tentera d’inscrire une deuxième fois consécutive la France dans le marbre olympique.
Au total, l’équipe de France d’aviron a participé dix-neuf fois aux JO en deux de couple. Elle a été quinze fois finaliste olympique, treize fois en finale A. Un beau bilan qui, on l’espère, va encore évoluer à la hausse.
Crédit photo : Akseo