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Le deux de couple mixte PR3 : un nouveau bateau paralympique où la France excelle déjà

En attendant la régate finale de qualification olympique dans quelques mois sur le Rotsee, nous vous proposons de découvrir quelques tranches d’histoire de l’aviron, en particulier des embarcations qui se sont qualifiées lors des championnats du monde de Belgrade il y a quelques mois. 

Fin août, la France accueillera ses premiers Jeux paralympiques. Pour cette édition 2024, une nouvelle discipline est venue s’ajouter au programme : le deux de couple mixte PR3.

Une épreuve qui n’est pas si ancienne, et qui a fait son apparition au programme des championnats du monde de Chungju, en 2013, sous l’appellation utilisée alors : deux de couple mixte LTA. L’année suivante, aux mondiaux d’Amsterdam, l’équipe de France compte dans ses rangs un premier équipage dans cette catégorie : Antoine Jesel et Guylaine Marchand s’alignent sur le Bosbaan et y décrochent la médaille de bronze.

Il faudra attendre 2016 pour que la discipline figure à nouveau au menu des championnats du monde. Et c’est une nouvelle fois aux Pays-Bas, à Rotterdam, pour les mondiaux non-olympiques qui suivaient les Jeux de Rio, que le deux de couple mixte LTA retrouve sa place sur l’eau. La France est une nouvelle fois représentée : Guylaine Marchand a changé de coéquipier, et c’est avec Fabien Saint-Lannes qu’elle est associée. Et plutôt avec réussite, puisque le métal de la médaille change de couleur : c’est l’or mondial qui les attend sur la ligne d’arrivée.

Le bateau est pérennisé dans le programme des championnats, mais l’équipe de France ne le rajoutera à sa flotte qu’en 2022, lors des mondiaux de Racice, dans une toute nouvelle composition. Laurent Cadot rejoint le collectif paralympique en vue de Paris 2024. En effet, après sa confirmation au programme des mondiaux, l’embarcation est entrée dans celui des Jeux paralympiques. Charles Delval souhaite alors mettre toutes les chances du côté de la France pour briller à la maison. Il convainc alors l’athlète de passer les tests de classification à Gavirate en 2022. Il s’associe à Elur Alberdi, rameuse à l’Endaika Arraun (Hendaye). L’alchimie opère très rapidement et se voit sur l’eau… et dans les résultats : un parcours sans faute et l’or en République tchèque confirme qu’il y a du potentiel pour Vaires-sur-Marne fin août 2024 !

Mais si, déjà en équipe de France olympique, rien n’est jamais joué d’avance, en équipe paralympique on pourrait penser, au vu des ajustements d’équipages, que cela l’est encore moins. En 2023, alors que le bateau doit se lancer dans la course à la qualification lors des mondiaux de Belgrade, Elur Alberdi apprend qu’elle est atteinte d’un cancer. Mais l’adversité et la maladie ne lui font pas peur. Elle entame son traitement par chimiothérapie et, dès que cela lui est possible, retourne sur l’eau. Guylaine Marchand entre dans le groupe pour le bateau et assure brillamment le rôle de suppléante jusqu’au retour d’Elur, avec notamment une victoire lors des championnats d’Europe à Bled.

A Belgrade, le duo détenteur du titre, certes fragilisé, parvient à monter sur le podium et, par la même occasion, à qualifier la coque pour les Jeux paralympiques de Paris. « Si on nous l’avait dit quelques mois auparavant, lance Charles Delval, on ne l’aurait pas cru. Il y a une véritable complicité entre Laurent et Elur qui s’est instaurée, cela fait également partie de la réussite du bateau. On ne peut pas non plus oublier que Guylaine a donné beaucoup de temps pour permettre à l’embarcation de continuer à s’entraîner et à performer ».

D’ici Paris, comme tous les athlètes, les stages vont s’enchaîner, avec comme étape intermédiaire les championnats de France bateaux courts pour la sélection individuelle. Un rendez-vous au cours duquel les deux compétiteurs qui ont su, chacun, triompher des obstacles sur leur chemin, entendent bien sortir leur épingle du jeu et, comme dirait Elur Alberdi, « faire parler le taureau » qui est en eux !